GR20 en moins d’1 semaine, possible ? Étapes et recommandations

Je ne décris plus le GR20 : le sentier de Grande Randonnée traversant la Corse est un must bien connu de tous les randonneurs. Il a la réputation d’être l’un des plus durs du monde. Info ou intox ? Je ne rentrerais pas dans ce débat mais je dirais simplement qu’en effet la partie nord est bel et bien compliquée. Il ne faut pas l’entreprendre à la légère. Alors, le GR20 en moins d’1 semaine, c’est possible? Je vous montre toutes les étapes et vous donne mes quelques recommendations.

Je me suis rendu sur le GR20 avec deux amis. L’un a déclaré forfait avant le départ à cause d’une entorse (mais il s’est quand même rendu sur place pour profiter des paysages) et l’autre, grand amateur d’escalade, m’a accompagné sur la partie Nord uniquement.

Dans cet article, je vais vous partager mon expérience du GR20 réalisé en moins d’1 semaine. Ainsi, je détaillerais les étapes de ma traversée de la Corse et vous ferais part de mes recommandations (matériels, ravitaillement, itinéraire, etc…).

La période pour parcourir le GR20 :

Nous avons choisi de partir mi-juin. Nous préférions éviter l’afflux des randonneurs de Juillet/Aout et la chaleur de l’été.

L’ensemble des refuges étaient ouverts et la météo clémente (par chance). Il restait par ailleurs encore pas mal de neige sur le parcours. Ce qu’il était important de prendre en compte pour le choix de son matériel.

Le matériel nécessaire et points d’attention :

Le choix du matériel conditionne énormément la durée de votre randonnée. Si votre choix est l’autonomie complète, je trouve très compliqué de réaliser le GR20 en moins d’1 semaine. En effet, qui dit autonomie, dit kilos sur le dos. Ce qui ralentit forcément votre progression. A l’opposé, si vous optez pour du « fast-packing » en mode course rando-trail, avec un objectif de 3 jours, vous devriez considérablement réduire le matériel emporté. Il vaudrait d’ailleurs mieux partir avec un sac de trail (et non pas un sac classique de randonnée).

J’ai choisi la version intermédiaire : un sac à dos léger (max 12 kg avec l’eau !). Ce qui m’a alors permis d’arriver au bout de cette aventure, en prenant le temps de me poser et de prendre mon temps par moment.

La liste type du matériel emporté sur chacune de mes randonnées :

Pour marcher

• Sac à dos type Millet Prolighter 30+10L
• Protège sac à dos pour la pluie
• Hoka One One Speedgoat / Mafate
• Bâton de trail carbone Leki

Vêtements

• 1x Short de randonnée
• 2x Manche longue type Merino
• 2x Tee-shirt manche courte type Merino
• 4-5 x Slip léger (type Kalenji)
• 4-5 x Chaussette trail type Compressport
• 1x Veste imperméable Salomon Bonatti
• 1x Pantalon imperméable Salomon Bonatti
• Gant intermédiaire
• Surgants imperméable type moufle Raidlight / Forclaz

Couchage

• Sac de couchage 0°C (mon choix : Mountain Hardwear Rook)
• Option : sac à viande

Accessoires et autres

• Montre GPS (mon choix : Suunto 9, avec une large autonomie)
• Smartphone
• Lunette de soleil
• Casquette
• Buff
• Batterie Forclaz (10050 MAH)
• Spork (fourchette-couteau-cuillère)
• Thermo eau chaude (à remplir chaque matin pour le repas de midi)
• Sifflet
• 1x Couverture de survie
• 1 CamelBak 1,5 à 2L (et pack isolant) + 1 flasque 0,5L
• Mini crampons
• Lampe frontale Nao
• De l’argent liquide

Hygiène

• Brosse à dent
• Tube dentifrice pour le groupe
• Savon concentré pour le groupe
• Chlore pour eau pour le groupe
• Crème solaire (spécial randonnée) pour le groupe
• 1x Rouleau PQ (ou mouchoirs en suffisance)
• Option : tong pour la douche (confort)
• Médicaments : anti-inflammatoire, anti-douleur, imodium, etc..
• Bande élastique adhésive permettant de faire un bandage ou un straping

L’indispensable à ne pas manquer : de l’argent en liquide

Je marque l’importance de prendre suffisamment d’argent liquide avec vous ! Nous n’en n’avions pas prévu en suffisance. En effet, il était impossible de retirer de l’argent à mi parcours contrairement à ce que l’on pensait. Il n’y avait pas de banque à Vizzavona. De plus, les shops et les restaurants refusaient de nous échanger de l’argent liquide contre paiement par carte. Heureusement, nous avons finalement trouvé un moyen de retirer de l’argent (maximum 20€) en mangeant dans un des restaurants du village.

Notez tout de même que certains refuges acceptent les cartes de banques, mais pas tous. Je rappelle que les logements peuvent être réservés à l’avance (et il vaut mieux à cette période) mais les repas sont à commander sur place.

Bottines de randonnée ou chaussures de trail ?

Le dilemme entre bottines de randonnée et chaussure de trail est souvent de mise. J’ai fortement hésité avant de m’embarquer dans cette aventure. J’ai finalement opté pour la chaussure de trail de chez Hoka One One. Les modèles Speedgoat / Mafate sont conçues pour les épreuves d’ultra-trail. Ces modèles sont dotés d’un confort exceptionnel. Je ne suis pas forcément à l’aise en bottines de marche, car je les trouve souvent trop rigides au pied. J’ai la sensation de manquer de liberté dans mes mouvements.

Le hic : c’est la pose de crampons sur la chaussure. La chaussure de trail n’est pas suffisamment rigide que pour y fixer des crampons d’alpinisme. J’ai donc fait l’impasse sur le GR20 et je n’en ai pas pris avec moi. L’autre hic à ne pas négliger, ce sont les chevilles ! Assurez-vous qu’elles soient bien solides avant votre départ. La bottine de randonnée vous offrira plus de stabilité et un pare-pierre souvent bien utile sur ce genre de parcours.

Si vous n’êtes pas un adepte du trail, je vous recommande tout de même d’opter pour les bottines de marche. Mon compatriote de marche a opté pour cette solution, et il en était ravi.

À refaire, j’aurais acheté des mini-crampons qui se mettent alors sur des chaussures de trail car certains névés sont dangereux. Je n’étais vraiment pas à l’aise sur ces petits passages de glace.

Etapes du GR20 :

Le GR20 en 6 jours, du nord au sud, ça donne ça :

Attention, il y a un contraste énorme entre le nord et le sud. Effectivement la difficulté technique était bien plus importante dans la partie Nord de la Corse.

Étapes et recommendations: le nord du GR20

Ce qu’il faut savoir de mon expérience :

La partie nord du GR20 est techniquement bien plus difficile que la partie sud ; raison pour laquelle les distances parcourues sur la journée sont plus courtes. L’objectif était de faire la partie nord du GR20 en 4 jours : c’est rude. Nous nous en sommes vite rendu compte.

Comme vous l’apercevez dans le récapitulatif, nous avons longuement marché sur l’étape 2. Cette étape passe par la pointe des éboulis (2607m d’altitude), point culminant du tracé original du GR20. Suite à un incident survenu pendant l’été 2015 dans le cirque de la solitude, le GR20 a modifié son tracé original en passant désormais à la pointe des éboulis. C’est de là que le Monte Cinto, sommet de la Corse qui culmine à 2706 mètres, est atteignable. Les plus téméraires peuvent s’engager dans son ascension.

Initialement, le Monte Cinto était prévu dans notre programme, nous avons dû y renoncer. En effet, la neige très fortement présente à cette altitude masquait le fléchage. D’après un guide montagne croisé la veille, le tracé original passait fort heureusement à côté des pentes enneigées. Nous voulions à tout prix trouver cette trace car c’était risqué de se lancer dans la montée abrupte sans crampon. Notre trace GPS nous menait par contre sur cette montée abrupte, et tous les randonneurs que nous croisons s’y risquaient également, munis ou non de crampons. Je précise que chaque jour, les refuges nous rapportaient des accidents un peu partout sur le tracé du GR20 (avec des rapatriements en hélicoptères). Nous persévérons et trouvons finalement la trace.

Le problème de la neige n’était par ailleurs que reporté car les parties suivantes étaient tout aussi dangereuses à aborder sans crampon. Depuis ce jour, je crois que je ne partirais plus en randonnée sans prévoir de mini-crampons.

Au terme de la partie Nord du GR20, mon compagnon décide de me laisser seul, se sentant à bout. Ses poumons l’avaient lâché. C’était une sensation de pneumonie liée à l’effort.

Il faut dire que je ne l’ai pas ménagé. En effet, nous avons croisé peu après la pointe des éboulis un duo de Français qu’on a tout un moment suivi à la trace. On s’est pris au jeu d’accélérer le rythme à 4, en relayant à tour de rôle la tête du groupe. Ce qui lui aura certainement coûté la fin de son GR20.

Conseil

Notez qu’il est important de maintenir un rythme soutenu pour finir le Nord du GR20 en 4 jours. L’idée étant de revenir assez tôt aux refuges. Quand vous arrivez trop tard et que vous avez réservé une tente / une nuitée au refuge, il se peut que celle-ci soit cédée à d’autres dans le besoin (après 19h00 je pense). Autrement, je trouve que c’est tout de même plus agréable d’arriver tôt, histoire de partager notre journée de randonnée avec les autres aventuriers du GR20.

Étapes et recommendations: le sud du GR20

Ce qu’il faut savoir de mon expérience :

Après l’abandon de mon compatriote, j’ai décidé d’accélérer encore le rythme me sentant en mesure de le faire. L’idée était de le finir en 2 jours plutôt que 3 pour pouvoir profiter d’1 jour à la plage avant de reprendre l’avion vers la Belgique.

Je n’ai plus rencontré de réelle difficulté technique sur cette partie. Je me suis d’ailleurs autorisé un petit plaisir en optant pour la variante du GR20 entre Usciolu et Asinau passant par le chemin des crêtes (via le col de Luana), qui offre un super paysage mais s’avère assez technique. De plus, cette variante du GR20 me permettait de raccourcir mon kilométrage du jour, en y associant du plaisir, pour me permettre de finir dans un temps raisonnable.

Comme vous l’apercevez dans mon itinéraire, beaucoup de kilomètres sont à parcourir. Je dois admettre qu’il m’a fallu trottiner pas mal pour terminer dans les temps. Avec un sac à dos de 10 kg sur le dos, ce n’est vraiment pas évident. Je recommande une bonne expérience en trail pour tenter l’expérience de cette façon.

Après 50 km de marche sur la dernière étape, je peux vous dire qu’atteindre Conca, l’arrivée du GR20 est une réelle délivrance 😀

Conseil :

Une autre variante, très technique, est celle passant par les aiguilles de Bavella. Avec le Monte Cinto, c’est sans doute l’un de mes regrets de cette aventure. Si je devais refaire un jour le parcours du GR20, je ne manquerai pas de passer par cet endroit!

En conclusion

Pour conclure, je dois vous dire que j’ai préféré m’aventurer dans la partie Nord du GR20 car l’effort était partagé et que je suis avide de sentiers techniques! Le GR20 est une randonnée mythique et je suis content d’y être passé en effectuant le parcours en moins d’1 semaine! Ce qui m’a permis d’atteindre mon objectif.

De plus j’ai fortement apprécié les rencontres faites sur le parcours. Pour avoir vécu d’autres randonnées seuls, j’avoue que le GR20 était fort fréquenté. Ce qui, certes, peut en déranger plus d’un mais peut également générer un expérience riche de rencontres.