Le mois dernier j’ai fait ma première randonnée en itinérance avec une nuit en bivouac. Max, lui, y était déjà habitué. Je vous invite d’ailleurs à lire l’article concernant cette randonnée effectuée en 2 jours et découvrir notre itinéraire de 55 km.
Cette première nuit s’est globalement bien passée même si j’aurai pu éviter quelques erreurs qui m’auraient permis de passer une bien meilleure nuit ! Depuis lors j’ai pu rectifier le tir en passant une seconde nuit sous tente.
Etant donné que c’est encore frais dans ma tête; nous avons décidé de vous écrire ce guide pour aborder vos futurs bivouacs. Je tente de répondre aux questions des débutants et Maxime essaie d’apporter son expertise dans le but de vous donner un maximum de clés.
Comment s’équiper ?
Votre équipement dépend de vos envies et de vos objectifs (autonomie complète ou semi-autonomie, mode confort ou rudimentaire, etc…).
Suivant le degré d’autonomie souhaité
En randonnée, on distingue l’aventure en autonomie complète, la semi-autonomie ou même pas du tout d’autonomie.
- La randonnée sans autonomie compte sur des points relais pour vous ravitailler et vous héberger. Autrement dit, vous transportez peu ou pas de nourriture. Dans quel cas un réchaud n’est pas nécessaire. Vous n’avez pas à prendre de tente car vous optez pour des nuitées en auberges, refuges et hôtels.
- La randonnée en semi-autonomie ou autonomie consiste à ne compter sur personne pendant plusieurs jours, en partie ou sur la totalité de votre périple. Vous devez satisfaire à vos besoins vitaux par vous-même (la faim, la soif, le froid, la chaleur, l’hygiène, etc…).
Suivant le degré d’autonomie pour lequel vous optez, il vous conviendra de définir la taille du sac. En général on portera un petit sac de 20L sans autonomie, tandis qu’on choisira un sac de 50-60L pour partir en autonomie complète.
Un petit conseil : évitez de prendre un sac trop grand. C’est d’une part un surpoids et d’autre part, plus vous avez de places, plus vous voudrez la combler.
Suivant le degré de confort souhaité
Le » must » en grande randonnée c’est de miser sur la légèreté. Vous n’aurez d’autres choix que d’opter pour un confort rudimentaire si vous voulez vous assurer un confort dorsal. Notez alors qu’un sac pesant au delà de 15 kilogrammes devient pénible à porter pendant plusieurs jours. A titre informatif, Max portait un sac pesant seulement 12 kilogrammes lors de son expérience du GR20 parcouru en 1 semaine. Il était parti en semi-autonomie, et ne portait que ses repas de midi.
Certains acceptent par ailleurs plus facilement un confort moindre. C’est dès lors l’occasion d’opter pour des nuitées sous tarp ou encore à la belle étoile, plutôt qu’une tente complète. Ceci allégera votre sac à dos.
D’ailleurs, notre choix de tente s’est porté sur le modèle Elixir 2 de chez MSR. Elle est comparable à la Hubba Hubba NX en plus robuste (donc plus lourde) mais moins chère. Elle répondra à vos besoins si votre budget reste « limité ». Nous apprécions fortement sa polyvalence. En effet, la tente permet plusieurs options de montage. A savoir le mode ultra-léger (mode tarp : double toit + tapis de sol). Ce choix vous épargnera 1 kg sur le dos (1,7 kg au total au lieu de 2,7 kg le kit complet). Ou encore le mode confortable : tapis de sol + arceaux + chambre + double toit. Notez par ailleurs qu’il est également possible de ne pas monter le double toit. Pour profitez d’une vue étoilée pendant votre nuitée.
Les équipements indispensables
Outre la tente, il importe de faire le bon choix quant aux autres matériels de couchage à absolument emporter au cours de votre bivouac.
- Le sac de couchage : le choix dépendra forcément de vos envies et du style de bivouac que vous voulez pratiquer. Mais sachez qu’opter pour une plage de température de confort allant de 0°C à +5°C demeure la plus courante d’utilisation. J’ai personnellement fait le choix du synthétique avec un confort à -1°C. Max a opté pour un duvet à -4°C confort. Nous l’utilisons pour la plupart de nos périples : du cœur de nos Ardennes aux randonnées en Montagne.
- Le sur-sac de couchage : en plus de mon sac de couchage, j’ai fait le choix de m’équiper d’un sur-sac de couchage imperméable. Ce sur-sac est très pratique si vous voulez vous initier aux nuitées sous tarp. Mais il permet aussi d’ajouter des degrés de confort. C’est ainsi une couche supplémentaire que je peux choisir ou non d’ajouter suivant les températures extérieures.
- Matelas auto-gonflant : pendant longtemps Max embarquait avec lui un matelas mousse. Certes increvable mais encombrant et peu confortable, il a finalement, tout comme moi, fait le choix du matelas auto-gonflant. Il importe d’opter pour un modèle adéquat pour vous permettre une isolation optimale. Si vous avez un petit budget, je vous recommande le modèle de chez décathlon (trek 700) qui nous satisfait sur nos périples.
- Les vêtements : la laine mérinos est la matière à privilégier pour vos vêtements de randonnée: une matière respirante qui garde la chaleur et limite les odeurs. Cette dernière propriété se veut bien utile d’autant qu’elle vous permet d’emporter moins de vêtements dans votre sac à dos. N’oubliez pas d’emporter des vêtements chauds pour la soirée. En effet, vos soirées à la montagne (et même dans nos Ardennes) peuvent souvent approcher les 0°C en été alors qu’il fait au-delà de 20°C la journée.
Quoi manger et quelle quantité emmener ?
Les quantités de nourriture et d’eau que vous allez devoir emmener avec vous (et donc porter) dépend, comme précisé au précédent chapitre, du degré d’autonomie souhaité.
Gérer la soif
L’eau c’est la vie. Il faut prévoir d’en emporter suffisamment. Suivant vos habitudes et besoins personnels, il vous conviendra d’opter pour le bon volume. En règle général, nous comptons sur 3 litres par personne pour une journée de randonnée classique en autonomie complète (l’eau pour la cuisson des aliments est comprise dans ces 3L).
Si vous randonnez sur plusieurs jours, vous comprendrez qu’il est très difficile d’assurer une autonomie complète en eau sans compter sur des ravitaillements. Quand vous randonnez en montagne, la question se pose rarement car les points d’eau potable sont nombreux. Il convient par ailleurs de s’en assurer avant votre départ ! L’alternative que je recommande particulièrement, et s’avère utile pour nos Ardennes par exemple, est de prévoir un filtre à eau et/ou des pastilles (chlore).
Pour ce faire, nous prévoyons toujours sur nos randonnées une paille filtrante LifeStraw. Ce système permet de filtrer jusqu’à 1000 litres d’eau des ruisseaux. Il est vendu à 25€. Il existe par ailleurs bon nombre de systèmes équivalents, ou plus perfectionnés avec par exemple une gourde additionnelle faisant office de contenant. Nous emmenons également une solution chlorée permettant de tuer les bactéries d’éventuelles sources d’eau non potables croisées sur nos randonnées. Il faudra par ailleurs s’habituer au goût chloré de l’eau traitée.
N’oubliez pas … de prévoir de l’eau en suffisance pour également couvrir vos besoins pour la cuisine.
Gérer la faim
Un randonneur consomme un minimum de 3000 calories par jour. Le climat, l’intensité de l’effet, votre physique, etc… seront des paramètres qui vont jouer sur votre consommation. Comme tout moteur, votre corps requiert d’être alimenté en carburant. Dans notre cas : la nourriture !
Dans votre choix, partez toujours du principe qu’en randonnée chaque gramme compte. Ne faites pas d’impasses, car le cumul de celles-ci peuvent peser lourd. Votre choix doit tenir compte du rapport poids / calories.
Quand on évoque un snack, on pensera alors notamment aux barres énergétiques. Mais sont aussi d’excellents choix : les fruits secs (noix, abricots sec, etc…), le saucisson ou viandes séchées, les fromages à pâtes dures, la pâte d’amande, la pâte de fruit, le chocolat, etc…
Concernant vos repas, il vous faudra choisir entre plat chaud ou froid. Sur une randonnée de plusieurs jours, il paraît difficile s’imaginer ne pas manger de repas chaud. Ce dernier requiert d’emporter avec vous un réchaud. Sauf si l’aire de bivouac autorise les feux de camp. Il convient de vous en assurer avant votre départ, car plusieurs d’entre eux les refusent pour des questions évidentes de sécurité.
Le must du randonneur consiste à emporter des repas lyophilisés. Ceux-ci comporte bons nombres d’avantages :
- Nécessite peu d’eau pour la cuisson. La nourriture est précuite. Si par exemple, vous optez a contrario pour du riz préalablement épicé. Il vous faudra beaucoup d’eau pour le cuire, mais aussi beaucoup de gaz (et oui le gaz de votre bonbonne, ça pèse).
- Peu encombrant. Il est facile d’emporter avec vous 6 ou 7 repas dans votre sac à dos sans que ce soit un fardeau. Le rapport poids/calories est parfait sur ce genre de produit.
- Pas besoin de vaisselle… Les repas lyophilisés se consomment directement dans leur emballage.
Sachez d’ailleurs qu’il existe même des desserts lyophilisés, comme la mousse au chocolat !
Notre conseil pour vos « courtes » randonnées en itinérance
Si vous envisagez un bivouac sur deux jours de randonnées, n’hésitez pas non plus à vous faire plaisir. C’est peut être surjoué que d’envisager du lyophilisé sur une courte itinérance. Le bivouac pain-saucisse et marshmallows reste quand même l’un des plus plaisant et notre favori !
Où faire du bivouac en Belgique ?
Sachez qu’en Belgique, le bivouac sauvage est interdit ! Certaines aires sont par ailleurs dédiées à cette pratique. Il existe un site reprenant l’ensemble des zones de bivouac classées par région en Belgique avec une liste des aires ouvertes ou fermées. Ce site s’appelle https://www.bivakzone.be
Vous devrez alors choisir si vous souhaitez effectuer votre randonnée en itinérance ou non. Certaines aires sont placées sur une boucle de randonnée. L’alternative consiste à dormir en camping. C’est d’ailleurs ce que l’on vous propose dans notre article sur notre boucle de randonnée entre le plateau des Tailles et le canal de Bernistap.
La charte du bivouac
Sur les aires de bivouac, les tentes y sont autorisées qu’à partir de 16h00 et doivent être enlevées au plus tard à 10h00 du matin. Le silence est de mise à partir de 22h00. Les fêtes (et touristes) n’y sont pas les bienvenus.
J’insiste en effet sur le fait que ces aires ont été prévues pour les randonneurs, cyclistes et cavaliers en transit au cours de leur itinérance. Il n’est dès lors pas question de venir y passer la nuit, comme vous pourriez la passer au camping du coin. En effet, les places sont limitées et il convient de les rendre disponibles pour les personnes qui comptent sur celles-ci lorsqu’ils sont en itinérance. Notez d’ailleurs que ces aires sont sujettes aux contrôles.
Veillez également à ne pas laisser de déchets sur place et à respecter les lieux pour préserver au mieux la nature ainsi que les installations publiques. Tout bon randonneur vient avec ses déchets et repart aussitôt avec.
Le vandalisme est puni par la loi.
Rester zen
Rien de pire que de se tracasser de l’heure d’arrivée et de se demander si on arrivera à bon port avant le coucher du soleil. Prévoyez suffisamment de temps pour marcher, prévoyez également du temps pour faire des pauses. L’objectif est quand même de profiter de la nature. L’idéal est d’arriver à la zone de bivouac vers 17h00 en été. Monter la tente et préparer à manger prend quand même un petit temps. Et puis c’est aussi agréable de pouvoir profiter d’un feu !
Pour éviter de vous perdre en chemin, je vous recommande de télécharger l’itinéraire de votre randonnée à l’avance sur votre montre ou votre téléphone. Il y a plein d’applications disponibles qui permettent de télécharger un itinéraire (Wikiloc, Sitytrail, Openrunner,…). Cela vous permettra d’aborder votre randonnée de manière sereine.
Pensez bien sûr à jeter un oeil à la météo. Mieux vaut éviter tout imprévu !
